Simone Le Moigne

Magoar, 1911 – Saint-Herblain, 2001

Née dans la campagne bretonne, Simone Le Moigne vit au rythme des saisons et de la vie paysanne aux côtés de sa famille. Son enfance est ponctuée par les travaux de la ferme et la vie au village. Après avoir été en pension chez les religieuses et n’ayant pu poursuivre des études, elle part travailler dans les champs. Bonne observatrice, elle engrange les images qui lui serviront plus tard pour sa peinture.

Les difficultés économiques et la dureté de la vie la contraint à déménager, avec son mari et ses deux enfants, à plusieurs reprises en région parisienne afin de trouver des emplois alimentaires. C’est alors que, exerçant comme domestique, elle tombe sur une boîte de peinture abandonnée par le fils de la maison. À 58 ans, sans avoir jamais pris de cours, elle ébauche ses premières peintures avec ce qu’elle a sous la main : des aiguilles à tricoter, une épingle à cheveux. Encouragée, elle consacre désormais sa vie à la peinture. Elle retourne dans l’Ouest, notamment en région nantaise, dans les années 60. 

La peinture représente pour elle un véritable bonheur, à travers lequel elle peint les bons souvenirs, ne souhaitant qu’oublier les malheurs. Colorés, ses tableaux reflètent le tempérament optimiste de l’artiste, ainsi que son attachement à la vie rustique et aux traditions d’autrefois. Ne s’encombrant ni de règles, ni de théories, Simone Le Moigne préfère inventer sa propre technique. Elle opte souvent pour des grands formats, afin de pouvoir raconter au maximum un souvenir, un instant de vie révolu.

Simone Le Moigne travaille par petites touches de points colorés. Sa matière, la peinture à l’huile, est particulièrement épaisse, apposée à la pointe du pinceau ou directement au tube de couleur. Cette mise en relief, provoquant des jeux d’ombre et de lumière, favorise la mise en valeur des éléments décoratifs comme les bouquets de fleurs.

Puisant dans un imaginaire où se mêlent merveilleux et souvenirs d’enfance, Simone Le Moigne se plaît à accompagner ses tableaux de poèmes ou petits textes explicatifs. Pour le Lac enchanté, elle racontera :

« Je disais que si je gagnais au loto, j’achèterais un lac et je ferais construire dix tours en granit. Il y aurait quand même des ascenseurs parce que ce serait un lieu de vacances pour les personnes âgées. Au premier étage, cent tableaux dans chaque tour, et, en bas des buvettes de jus de fruit. Au milieu du lac, une salle de musique douce sur le pont ; s’il pleut, on ouvre une trappe et les musiciens descendent à l’intérieur. Bruits interdits : pas d’avions mais des ballons de Jules Verne et des colombes »

La vallée du Gouet