Jean-Joseph Sanfourche

Bordeaux, 1929 – Saint-Léonard-de-Hoblat, 2010

Faussement naïf, apparenté à l’Art brut et aujourd’hui classé parmi les Singuliers, Jean-Joseph Sanfourche est un artiste qui brouille volontairement les pistes. Son œuvre est faite d’un mélange de tragique et de comique, de sacré et de trivial. Il joue avec le support en détournant des matériaux, compose des personnages énigmatiques hauts en couleurs et mêle poèmes et calembours à ses compositions.

Tout d’abord, artiste amateur que l’on pourrait qualifier de « peintre du dimanche », il abandonne sa première manière dans les années 60 et produit des compositions toujours figuratives mais évoluant vers un style qui lui est personnel. L’année 1973 marque un tournant dans sa production. Après avoir découvert les œuvres de Gaston Chaissac au musée d’Art moderne de Paris, il commence à travailler sur divers supports de récupération, apposant par aplats des couleurs saturées cernées d’un trait épais. Sans relâche désormais, il dessine, marie collages et poésies, peint des pierres par milliers et sculpte des totems de toutes tailles. L’univers de l’artiste se peuple jusqu’à l’obsession de visages aux yeux largement écarquillés qui deviennent sa marque de fabrique tout en rappelant que, atteint d’une maladie incurable, il perd lentement la vue.

Ce sont ces figurations dépouillées et simplifiées à l’extrême que Jean Dubuffet apprécie, y reconnaissant « un pouvoir intensément dramatique et tragique ». Le fondateur de l’Art brut soutient alors l’artiste en faisant l’acquisition de plus de 500 œuvres pour la collection de Lausanne et entretient avec lui pendant presque 18 ans une correspondance  régulière.

Passionné par la religion, les Cathares, les Évangiles et membre de la confrérie de Saint-Léonard, Jean-Joseph Sanfourche croit non sans humour au pouvoir des pierres, des talismans ou autres pentacles. Il s’intéresse aux mécanismes de la « magie des cavernes » réactualisant pour son propre compte un vieux fonds de légendes limousines concernant les os, les pierres et les arbres.

La forme des pierres qu’il considère comme des talismans l’inspire. Il constitue alors une galerie de portraits d’amitiés artistiques et littéraires où se retrouvent Chaissac bien sûr, devenu le grand “Gaston Chaissac de Vicq”, ainsi que le peintre Mario Chichorro auprès de qui il expose en 1976, à Collioure. 

Le totem, porteur d’une dimension sacrée, est également très présent dans son oeuvre. Sculpté dans le bois,  il affiche, par les couleurs qui l’animent, une apparente bonne humeur et ces grands yeux écarquillés qui font partie de la marque de fabrique de l’artiste. Le message “Bonne santé” inscrit dans la bouche creusée de la figure rappelle le rôle prophylactique de cet objet rituel.

Sartre
j’en ai vraiment marre
Dieu
Personnage