Sabine Darrigan

Les Landes, 1924 – Paris, 2021

Sabine Darrigan est la cinquième et dernière enfant de sa fratrie. Les premières années de sa vie se passent entre Paris et les Landes, jusqu’à la mort de sa mère alors qu’elle n’a que 5 ans. Son père part ensuite, dans les années 1930, s’installer à Alger. Elle revient souvent chez ses grands-parents, et effectue de nombreux séjours à Vittel. 

Elle perd son père à 14 ans, et est prise en charge par son oncle diplomate, à Varsovie. Très vite, elle doit rentrer à Paris car la seconde guerre mondiale est déclarée. Elle fait ses études secondaires à La Tour, mais ne passe pas son baccalauréat et prépare le Monitorat d’enseignement ménager à Chartres chez les religieuses de Saint-Paul, jusqu’à ses 21 ans. Elle exerce dans un cours privé à Compiègne pendant cinq ans, et crée une classe durant laquelle les élèves apprennent à réaliser des marionnettes.

Elle part vivre quelques temps au Danemark à partir de 1950, où elle rencontre la reine Frederika et donne des cours de français à la princesse Margareth. Grâce à une autorisation de la reine, elle suit une formation de modiste dans les ateliers Vangh, à Copenhague. Elle crée ensuite une collection de chapeaux pour Fru Anderson.

À son retour en France, en 1951, elle s’installe à Paris pour créer ses propres modèles. La journaliste Denise Leblond lui consacre un article dans Marie-France, et Sabine Darrigan confie des masques à Dominique Baumelle, à Noël 1955, pour une vitrine Hermès. L’année suivante, elle rencontre le poète Gérard Mourgue qui lui propose d’être exposée aux côtés de Jean Cocteau en 1957, à la galerie de l’Opéra. Elle ne cesse de créer et de participer à des expositions depuis 1989.

Les trois œuvres du MANAS proviennent de sa collection « Figures d’ailleurs », révélée pour la première fois en 2015 à la Mairie du 8e arrondissement de Paris, et composée de plus de soixante-dix oeuvres. Ce « peuple des bâtons » est composé de matériaux divers que l’artiste a obtenu dans des magasins de couture ou des brocantes : tissus, dentelles, perles, pendeloques, sac à main retourné, bijoux de pacotille, baguettes alimentaires… Le tout est assemblé et fixé sur des tubes de carton pour rouleaux de tissus. 

À la croisée d’une pluralité de cultures humaines, ses oeuvres se présentent comme une invitation au rêve d’un ailleurs fantasmé, à la rencontre entre les civilisations : l’Asie de l’Est, l’Afrique et le Moyen-Orient.