Paris, 1896 – Paris, 1991
Fils d’un encadreur-doreur qui tous les ans l’emmène visiter le Salon du Grand Palais, René Rimbert s’adonne dès l’enfance au dessin et à la peinture. Entré aux PTT en 1908, il peint à ses heures perdues des natures mortes fortement influencées par l’art de Cézanne. Lors de sa première participation au Salon des Indépendants en 1920, il rencontre Marcel Gromaire qui l’encourage et lui prodigu des conseils. Il participe à l’importante exposition « Les Maîtres populaires de la réalité » en 1937.
La découverte, lors d’un voyage en Allemagne, des maîtres hollandais du XVIIe siècle marque un tournant dans sa production. Il allonge soudain ses perspectives, s’attachant au traitement d’une lumière à la fois immatérielle et omniprésente. Il s’inspire plus particulièrement de l’œuvre de Vermeer : dans ses tableaux, comme dans ceux du maître, se mettent à apparaître des espaces délimités par des murs et des ouvertures donnant sur d’autres espaces clos.
René Rimbert est le peintre du silence et de l’intimité. Dans ses rues provinciales où règne un calme mystérieux, les êtres vivants, rares, ne semblent pas habiter la scène et apparaissent comme de simples passants. Ils sont généralement présentés de dos ou à demi coupés par un mur, un montant de porte ou tout simplement par le cadre de la toile.
Dans L’Art et la vie (1975), l’artiste a très strictement limité le cadre du tableau : les vitrines des boutiques sont découpées, les objets qui y sont exposés sont sectionnés, le corps du chien est tranché. Le regard se concentre alors sur le couloir central, et les espaces qui s’ouvrent les uns après les autres, au-delà de la pénombre. Rimbert traite ici le sujet du décalage que tout artiste vit, entre le monde de l’art et celui de la vie réelle. Les objets de la boutique d’art sont peints avec beaucoup de minutie et de précision ; les silhouettes de l’homme et de la femme, au contraire, sont esquissées de façon incertaine. Ainsi, si le premier plan est consacré à l’univers familier et rassurant de l’art, le couloir ouvre sur l’inconnu, la rencontre, le monde à la fois inquiétant et exaltant du possible.