?, 1899 – ?
Raoul Perrenoud est né aveugle. Une opération, à l’âge de 8 ans, lui donne la vue mais il vit toute sa vie dans la souffrance, les yeux en permanence martyrisés par la lumière.
Ayant appris à ressentir avec les doigts, il s’oriente tout naturellement vers la profession de masseur-kinésithérapeute et, installé Porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement parisien, il parvient très vite à la notoriété en appliquant une méthode originale de traitement par percussion.
Suite à un emprisonnement pour fait de résistance à Fresnes, en 1942, qui le fragilise tant physiquement que psychiquement, il se met à peindre afin de se libérer de ses angoisses.
Sa technique est toute personnelle : il peint au doigt, triturant et sculptant la matière picturale avant de l’apposer en relief. Dans cette peinture en braille, il met en évidence des éléments de sa composition : arbre, rocher, vagues de la mer, nez et bouche d’un visage…
Amoureux de la Bretagne et de la mer, Raoul Perrenoud se plaît à peindre les paysages du littoral. Les pierres de la digue, du phare rouge et du corps-mort de ce rivage très certainement breton ont été modelées et incisées dans l’épaisseur, apportant ainsi du volume à la composition à la matière par ailleurs très fluide.
Ce paysage aurait pu s’accompagner d’un des vers de l’artiste qui aimait également se faire poète :
« La mer cette terrible berceuse
si belle mais combien ensorceleuse
Mais qu’un nuage rendra furieuse
Emportant avec elle mes heures merveilleuses »