Ornaisons, 1912 – ?
Coiffeur de profession, Paul Faure s’est toujours intéressé au dessin mais ne débute la peinture qu’en 1941.
Cet artiste, tel un chroniqueur silencieux, retrace inlassablement à travers ses œuvres la vie de sa cité Aixoise, qu’il s’agisse d’une fête folklorique, d’un feu d’artifice ou encore d’une inauguration.
Ses premières peintures sont des paysages provençaux où apparaissent de solides qualités de construction et d’harmonie dans l’utilisation des couleurs. On sent que l’artiste mûrit chaque tableau pour ne les quitter qu’une fois qu’il est certain que ceux-ci sont bien terminés. Il sait aussi bien retracer un fait divers de la rue qu’une place animée un jour de marché, traitant tous les sujets avec une maîtrise que l’on voit s’affirmer au cours des années.
De sa boutique de coiffure à son appartement du cours Mirabeau, Paul Faure est idéalement placé pour observer le centre d’Aix-en-Provence, et ses longues promenades dans les rues de la ville lui permettent de retenir des silhouettes, des instantanés qu’il utilise ensuite sous forme de compositions qui sont devenues, pendant plus de 40 ans, une chronique colorée de la capitale du Roy René. C’est ainsi que dans ses tableaux, on a l’occasion de voir des personnages devenus rares, tels que « le marchand de marrons » ou le « rempailleur de chaises ». Son imagination et sa faculté à recomposer lui permettent d’évoquer ces moments du passé. Ce qu’un peintre peut connaître de sa cité, Paul Faure l’a fidèlement restitué avec cette sensibilité et cet humour discret qui lui sont propres. Il s’agit d’un homme dans sa vie de tous les jours, avec ses aspirations aux joies et aux bonheurs, malgré les épreuves, les craintes ou les maladies.
Dans ce tableau, l’artiste nous livre un moment de la vie quotidienne, cette fois non pas dans les rues de sa ville mais à l’intérieur d’un bâtiment plutôt sombre, éclairé par de grandes vitres et quelques ampoules. À l’intérieur de cette pièce qui semble baignée par un grand silence, plusieurs personnes âgées. Paul Faure ne semble non pas dresser ici un portrait de quelques personnages, mais plutôt de toute une génération, celle des « vieux », comme il titre cette œuvre.
La plupart assis, leurs corps courbés, lisant, discutant ou bien simplement perdus dans leurs pensées, pour ces personnages, la temporalité de la vie ne semble pas être la même que pour les gens que l’on imagine vivre autour, se précipitant pour aller travailler ou se divertir sous les bruits de la ville. Les personnages présents sur cette peinture ne semblent pas malheureux pour autant : l’artiste esquisse sur leurs visages de légers sourires, leur donnant ainsi l’air d’être heureux, réunis ici ensemble.