Rouen, 1913 – ?, 2011
Maurice Boulnois passe son enfance et sa jeunesse aux Andelys (Eure). Le sport et en particulier la natation occupent la majeure partie de ses loisirs. Il commence à travailler comme apprenti horticulteur puis fait ensuite différents métiers. Durant la guerre, il est fait prisonnier en Bavière et, pour passer le temps, crayonne les portraits de ses compagnons et réalise ses premiers paysages. Libéré, il retourne en France en 1942. Il emporte alors dans sa musette des pinceaux et des couleurs, instruments de son émancipation créatrice. Il est dessinateur de presse pendant un temps puis participe à de nombreuses expositions.
Après avoir tenté d’imiter les Impressionnistes, Maurice Boulnois adopte une démarche personnelle plus féconde le guidant vers une grande simplicité et un dépouillement qu’il admire dans l’art roman et dans l’art des civilisations primitives. D’ailleurs, Maurice Boulnois réclame plus le qualificatif de « primitif » que celui de « naïf ».
Si certains de ses tableaux ont des teintes contrastées, ses réalisations plus récentes sont traitées dans des camaïeux souvent oranges, bleus ou mauves. Il arrive qu’un ton s’impose sur sa palette, des forme sur la toile : l’artiste aime laisser sa chance au hasard démolisseur de systèmes et de combinaisons préétablies. De son œuvre émanent joie et gaieté. Non pas que l’artiste soit un éternel optimiste mais il ne parvient à créer que dans les moments de sérénité, mieux encore s’il est stimulé par une prochaine exposition.
Maurice Boulnois travaille l’étroitesse : ses toiles sont moyennes ou petites, verticales ou carrées, mais jamais de grande dimension. Pourtant, son art s’accommoderait de se répandre plus largement, de tendre vers l’infini, comme les fresques.
Narrateur et visionnaire, il allie le visible avec l’invisible, le terre à terre avec la féerie. Dans Le cheval bateau, qui semble tout droit sorti d’un rêve, Maurice Boulnois use tour à tour de la spatule et de la brosse, pour la précieuse orchestration d’une matière épaisse sableuse recouverte d’un coloris ardent et nuancé. Il vise avant tout à dépasser le sujet qu’il a choisi, tentant de retrouver le chemin qui ramène à l’enfance. Pour ce faire, l’artiste emploie des couleurs et des formes très simples, et ajoute ça et là des animaux conférant une certaine gaieté à l’ensemble de la composition. L’artiste s’est constitué une palette très harmonieuse où les bleus profonds voisinent avec des ocres plus doux. Grâce à des aplats colorés et des passages de tons plus contrastés, le peintre donne une puissance peu commune à ses œuvres. On ressent toute l’importance du geste qui étale la matière sur la toile, l’épaissit, l’endurcit, la sculpte et la gratte.