Angers, 1979 –
Marjan, de son vrai nom Mounir Amara, est originaire d’Angers. Employé à la gare de l’Est de Paris, il ne peint que depuis 2016, en parfait autodidacte. Il se met à la création dans une volonté de ne pas se laisser submerger par un trop plein de visions intérieures.
Au fil de son Œuvre, l’artiste prolifique entrouvre des portes sur des blessures d’enfance, des enfermements et de longs moments de solitude. Ses tableaux à la palette haute en couleur se rapprochent d’un certain expressionnisme et témoigne de son admiration pour les Fauves.
L’univers de Marjan rappelle que l’art peut être un exutoire à la souffrance. Ce jeune créateur produit, au pastel tout d’abord puis désormais à l’acrylique apposée à l’aide de pinceaux durcis, une Œuvre d’une extrême sensibilité dans laquelle il relate des bribes d’existences meurtries par la brutalité du quotidien. Les teintes vives de ses peintures, à dominante de bleus, jaunes et rouges, sont appliquées par touches juxtaposées ou par aplats. Résolument optimistes, elles contrastent avec les figures distordues cernées d’un trait noir.
L’artiste use de son pinceau comme d’un instrument d’exorcisme. Dans un lâcher prise total, il pratique une forme de peinture automatique afin de laisser son subconscient guider sa main. Puis, dans une seconde étape de son introspection, ses propres mots explorent la composition et parachèvent le processus de création. Comme un spectateur découvrant le tableau, il s’efforce de trouver des clés de compréhension et avance des analyses sur les images qu’il fait naître.
Marqué par une enfance faite de ruptures et de précarité, Marjan fait ressortir les émotions les plus enfouies au fond de lui pour peindre comme un leitmotiv des scènes où se figent des êtres désespérés aux regards d’une tristesse absolue.
Il raconte sa famille éclatée, son père éloigné, son frère trop fragile et surtout sa mère dont la vulnérabilité ne cesse de le blesser. La figure matriarcale apparaît dans toutes ses femmes au dos vouté semblant ployer sous le joug d’une existence trop difficile, comme dans Au pied de maman, j’attends son sourire. Dans son Œuvre, les enfants sont symboliquement dominés par la figure de la mère : ils sont toujours plus petits qu’elle, le regard souvent tourné vers son visage comme dans l’attente d’une réponse rassurante ou d’un geste d’affection.
Les intérieurs abritant ces êtres de souffrance sont étrangement vides. Les murs s’y font parfois menaçants et seul le motif d’une petite ouverture semble autoriser à espérer en un ailleurs plus serein, comme on peut l’observer dans Une mère, un fils, une histoire. L’artiste dit d’ailleurs à ce propos : « C’est l’hiver dehors mais c’est surtout l’hiver dans sa vie, dans son être. On peut y voir son désir d’ouvrir les fenêtres, de rompre avec un endroit clos et d’enfin sortir. »