Artiste lavallois, Henri Trouillard (1892 – 1972) est un personnage atypique et haut en couleur. Peintre autodidacte, son travail est celui d’un artiste naïf passionné d’histoire. Henri Trouillard est l’auteur d’une œuvre plurielle où se côtoient paysages exotiques, paysages urbains et portraits. Parallèlement aux thèmes de la Préhistoire et de la Guerre, à la description réaliste des paysages, de la végétation et des espèces animales, se développent dans son œuvre des figures d’inspiration allégorique parfois complexes et mystérieuses.
En 1960, l’artiste entreprend de narrer ses « aventures » dans une autobiographie intitulée Ma Vie. Il y laisse s’exprimer son franc-parler et sa vision très personnelle des événements qui l’ont touché. Au fil du parcours de l’exposition, le visiteur découvre la vie de l’artiste à partir de 18 œuvres et de divers documents d’archives et objets personnels.
En 1960, Henri Trouillard publie son autobiographie aux éditions belges « Temps mêlés » fondées et dirigées par le pataphysicien André Blavier. Tiré à 500 exemplaires, le petit ouvrage à la couverture rouge compte 53 pages accompagnées d’un album de 23 reproductions. Il est préfacé par Anatole Jakovsky, critique d’art et collectionneur spécialiste de l’Art naïf et des arts populaires.
Le récit rédigé à la 3ème personne relate les pérégrinations, aventures et mésaventures de l’auteur. Trouillard y raconte son enfance malheureuse, les placements de ferme en ferme, les maltraitances chez ses différents patrons, la disparition de sa mère… Dans la tradition du roman picaresque, il détaille des aventures pittoresques et extravagantes vécues lors de son Tour de France comme compagnon menuisier. Héros miséreux, il connaît alors la faim, le froid, la fatigue et la saleté.
Mobilisé en août 1914 et fait prisonnier en février 1915, notre héros parvient à s’évader du camp allemand où il est interné puis s’engage comme volontaire en Afrique du Nord. Débarqué à Oran en mai 1916, il rejoint ensuite Alger, puis Tunis, Gabès et l’extrême-sud tunisien. Il apprend à connaître la chaleur du désert, la dysenterie, les infestations de puces, les scorpions et tarentules. Pendant ses temps morts, il dessine les paysages environnants, peints les portraits de ses camarades, sculpte ou fait de la marqueterie. De retour à Laval, il rejoint Germaine qu’il a épousée en juillet 1918 lors d’une permission, s’installe comme menuisier puis ouvre un magasin de meubles anciens. Trouillard est alors proche de l’artiste mayennais Robert Tatin qui l’encourage à développer ses talents artistiques. Ses peintures illustrant des scènes et paysages sont tout d’abord conçues comme de « simples décorations murales », puis Trouillard se met à exposer ce qu’il considère comme étant désormais des « TABLEAUX ». Ses œuvres complexes et inclassables sont le reflet de ses interrogations métaphysiques. Incompris de ses proches, il quitte sa famille et Laval pour s’installer à Origné.