Hadol, 1861 – Paris, 1936
Fils d’un instituteur et d’une épicière, Louis Vivin est scolarisé dans un collège industriel où il apprend le dessin industriel et la peinture. En 1878, il entame une carrière dans l’administration des PTT.
Vivin aime peindre depuis l’enfance : il peint tout d’abord sur les murs et les portes de sa maison, puis sur des toiles, les paysages vosgiens qu’il aime tant. Il n’arrête jamais de s’exercer ; son œuvre est rapidement exposée au Salon de la Société artistique des PTT, pour lequel il peint des paysages et des trains. Après sa mise en retraite en 1922, il peut enfin se consacrer totalement à la peinture : il multiplie alors ses sujets, allant de la nature morte aux vues parisiennes, en passant par les scènes de chasse. Il est remarqué et encouragé par les célèbres collectionneurs et critiques d’art Wilhelm Uhde et Bodmer-Bing. À partir de 1934, sa mauvaise santé et une paralysie du bras le contraignent à abandonner la peinture.
Dans ses vues urbaines, l’artiste réalise des édifices structurés, où l’aspect géométrique est renforcé par la profusion de détails visibles sur les façades : il semble avoir voulu représenter chaque pierre des monuments parisiens, peints d’après des cartes postales touristiques. À travers ces réalisations, Louis Vivin cherche à montrer la pérennité des bâtiments, dressés ici depuis plusieurs siècles, par rapport à la courte existence de leurs bâtisseurs. Malgré des représentations qui se veulent fidèles, l’artiste montre des difficultés à réaliser les effets de perspective, comme on peut le voir dans Paris, Eglise Saint Germain l’Auxerrois, avec la tour qui est en réalité de forme octogonale. Les couleurs sont quant à elles relativement proches, dans un camaïeu bleu-gris pouvant rappeler l’élément minéral. Les personnages et automobiles sont peints dans d’autres gammes, accentuant le contraste entre l’architecture imposante, immobile et l’agitation de la rue
Dans Canaux en hiver, l’artiste dispose une suite d’édifices fortement structurée, qui barre le tableau dans toute sa longueur. Ils sont construits entre plusieurs bandes horizontales évoquant les éléments naturels : le ciel, la terre, l’eau de la rivière.Le statisme des bâtiments s’oppose à la légèreté des flocons de neige qui envahissent le ciel, et à la fluidité de la rivière. L’artiste intègre ici une dualité entre l’immobilité du bâti, et le mouvement doux, paisible, de la nature. Les personnages, quant à eux, sont des figurines stéréotypées, interchangeables : ils attestent du caractère éphémère des êtres humains devant la pérennité de leurs oeuvres.
L’Allégorie de l’abondance
L’allégorie de l’Abondance restitue fraîcheur et sens à un thème quelque peu ressassé par les peintres académiques : les couleurs claires et vives de la tunique de la divinité, des drapés ceignant les angelots, de la gerbe de blé, des fruits, des fleurs portés ou s’échappant de la corne d’abondance transforment ce sujet conventionnel en une profession de foi résolument optimiste, mais seulement en présence de la colombe portant le rameau d’olivier. Le visage grave de la figure féminine confirme la profondeur du message destiné à la Terre : le bien-être des hommes, l’abondance, la prospérité sont indissociables de la paix.