Jules Lefranc

Laval, 1887 – Les Sables d’Olonne, 1972

La famille de Jules Lefranc, originaire de Laval, est installée à Paris où elle tient un commerce de quincaillerie. L’été, elle passe souvent ses vacances à St Servan, près de St Malo. C’est là que Jules, adolescent, fait la connaissance de Claude Monet qui l’encourage à peindre. Il se lance alors dans la peinture en total autodidacte mais doit cesser cette pratique artistique à son entrée dans la vie professionnelle. Il est tout d’abord quincaillier puis représentant en matériel pour la construction navale. En 1928, à l’âge de 41 ans, il décide d’abandonner ses activités professionnelles pour se consacrer totalement à la peinture. Dès lors, il expose très régulièrement dans des salons et galeries. 

Lefranc est un dandy cultivé et bon vivant. Il fréquente le Montparnasse artistique et intellectuel et se construit un cercle d’amitiés fidèles où se croisent artistes, critiques d’art, poètes, journalistes, collectionneurs et galeristes. Bourgeois nanti, il peut se permettre d’acheter des oeuvres afin de se constituer une collection importante et diversifiée dans laquelle se trouvent entre autres des oeuvres de Rousseau, Chaissac, Clovis Trouille, Charchoune, Rimbert et Eva Lallement. En 1966, il fait don à Laval, sa ville natale, d’une partie de sa collection afin de créer dans le château le musée d’art naïf qui ouvre ses portes le 20 juin 1967. 

Admiratif du travail des photographes de la Nouvelle Vision qui, dans les années 1930, adoptent des angles de vue inédits, Lefranc a pour habitude de s’inspirer de photographies qu’il se réapproprie. Ces clichés lui permettent de traiter des compositions aux cadrages très particuliers : plongée pour Paris sous la tour Eiffel d’après une photographie d’André Kertész datée de 1929, plans rapprochés pour Paris, Pont Alexandre III ou pour Le Lancement du Normandie qui est probablement inspiré d’un cliché de Jean Clair-Guyot publié dans L’Illustration de novembre 1932. Ici, la proue du célèbre paquebot peinte sous un angle de vue inattendu occupe quasiment toute la surface de la composition. L’artiste qui a lui-même tendu la toile sur son châssis a renforcé le cadrage en rabattant sur le revers du tableau des éléments qui ne sont plus aujourd’hui visibles du regardeur. Sont désormais tronquées la rampe de lancement, la grue et autres infrastructures portuaires.

Les vues urbaines comme Laval, rue de Chapelle sont quant à elles, rigoureusement composées : les verticales sont presque toujours accentuées ; les assises de pierres, les pavés, les détails de l’architecture sont scrupuleusement figurés. Cette précision géométrique est pondérée par des couleurs ternes où dominent les gris, bruns, verts, ocres et beiges, ponctuellement rehaussés de tons plus éclatants. À ces représentations de villes et de bourgs, s’attache une troublante absence de toute activité humaine.

Pour parvenir à des tableaux à la composition si géométrique, Jules Lefranc a recours à la mise au carreau, technique académique qui consiste à reproduire un motif à une échelle différente après avoir tracé un quadrillage. Il réalise également des études préparatoires, sur calque ou papier, comme La petite fleuriste, afin de bien positionner les éléments constructifs de sa composition. Ces études sont annotées d’indications de couleurs. 

Paris sous la Tour Eiffel
Ruines de l’abbaye de Chaalis
Tableau de fleurs et le modèle
Ile Tudy, vue de Loctudy
Peille, fontaine et place du Mont Agnel
Bisquine
Paris du pont Alexandre III
Laval, vieux pont et château
Château de Josselin
Saint Malo, le môle
La plage au tennis
Laval, rue de Chapelle
L’Oudon à Segré
Paris, place de la Concorde
Laval, la porte Beucheresse, côté ville
Villeneuve sur Lot