Laval, 1949 – Mayenne, 1987
Jacques Reumeau est, dans les années 1970, connu à Laval comme étant un personnage extravagant cultivant une image de marginal. Perturbé par une enfance malheureuse, il se coupe très vite de sa famille et vit de petits métiers. En 1969, après avoir visité une exposition de Mosca de Selva, il quitte son travail et se met à la peinture. Il expose dès l’année suivante mais c’est surtout sa rencontre avec Gérard Bodinier qui est décisive. Cet écrivain et poète, très influencé par les surréalistes, devient un inconditionnel de l’œuvre unique de Reumeau et le soutient dans sa démarche artistique. Jacques Reumeau quitte alors l’usine où il travaille en tant que manutentionnaire pour acheter couleurs et pinceaux, et se met à peindre sans plus jamais s’arrêter. Il rencontre Henri Trouillard, Robert Tatin et surtout le pastelliste François Aubin Barbâtre qui lui enseigne ses techniques.
De santé fragile, Jacques Reumeau trouve dans l’art un mode d’expression lui permettant de se construire. Cependant, l’équilibre reste difficile, et l’artiste alterne périodes de création et périodes de crise. Particulièrement anxieux et dépressif, il se réfugie régulièrement à l’hôpital psychiatrique de Mayenne. Peu à peu, l’imagination de l’artiste s’épuise, ses nouvelles recherches n’aboutissent pas, et il reprend désormais les mêmes thématiques. Son état de santé s’aggravant, il est interné à l’hôpital psychiatrique de Mayenne où il décéda le 2 juillet 1987.
Les Musées de Laval conservent un fonds de plus de 2 000 œuvres signées de Reumeau, entrées par dons puis par legs. L’ensemble comprend des dessins à l’encre de Chine, fusain, sanguine, craie, pastel, des peintures à l’huile, à l’aquarelle ou à la gouache. Étonnante par la diversité des techniques et des médiums utilisés, la production de l’artiste l’est également par la diversité des sujets. Fonctionnant de manière cyclique, Reumeau décline inlassablement des thèmes inspirés de la nature, de la ville ou de ses rêves. À partir d’un élément figuratif comme l’arbre, l’oiseau, l’église, il développe une expression visionnaire transformant son motif jusqu’à balancer dans un monde fantastique.