Batinske (Croatie), 1932 – Zagreb, 2004
Ouvrier agricole en Croatie, Ivan Lackovic réalise ses premiers tableaux en 1954. Devenu par la suite agent des postes, il croque lors de ses tournées les paysages ruraux qui l’intéressent, puis, le soir, transforme ses croquis en tableaux. Il se consacre entièrement à la peinture dès 1968. Ivan Lackovic compte à son actif plus d’une centaine d’expositions personnelles à travers le monde, qui l’ont établi comme l’un des maîtres de la peinture naïve d’Europe de l’Est.
Lackovic est le peintre des campagnes idylliques. Par-dessus tout, il aime peindre des paysages hivernaux, car, explique-t-il, c’est pendant l’hiver, en apparence saison de la mort, que se préparent tous les germes du renouveau, de la renaissance, promesses de lendemains meilleurs. C’est le cas ici, dans le paysage de fin d’hiver de La Cueillette, où déjà bourgeonnent quelques fleurs, et où des hirondelles enchantent les cieux par leur vol de parade. La femme, au centre de l’œuvre, marche pieds-nus et dévisage le spectateur : ses habits de couleurs vives contrastent fortement avec le paysage grisâtre.
Les artistes d’Europe de l’Est utilisent presque tous la technique de la peinture fixée sous verre. Il s’agit d’une pratique ancestrale qui servait particulièrement pour la réalisation d’ex-votos. Cette technique est très difficile : il s’agit de peindre sur une plaque de verre, en commençant par les détails avant les traits les plus conséquents et le fond ; les retouches sont impossibles. La plaque de verre étant retournée lorsque l’œuvre est terminée, l’artiste travaille avec un miroir.
La technique du fixé sous verre permet une finesse des traits qui confère une grande délicatesse à l’ensemble, comme on le voit particulièrement bien dans La Cueillette ; elle permet également de préserver la fraîcheur des couleurs, protégées par le verre.