Herminie Hanin

Neufchâtel (Suisse), 1862 – Paris, 1948

Jusqu’à l’âge de 14 ans, Émilie-Herminie Hanin est élevée en Bourgogne par les sœurs de la charité de Nevers au couvent des Saints-Anges. Elle fréquente au total six pensions entre la France et l’Algérie, où son père construit une ligne de chemin de fer. Cette artiste est souvent décrite comme une grande paranoïaque. Ses parents ne la laisseront pas fonder une famille afin de laisser la fortune à leurs deux fils. Enfermée dans ce cercle restreint, elle trouve alors dans l’art un échappatoire, et réalise ses premières aquarelles à 36 ans. Un ami de la famille remarque son travail et lui conseille d’aller étudier la peinture à Paris. Elle se met à fréquenter un atelier dirigé par le maître William Bouguereau, alors âgé d’environ 70 ans. De façon académique et figurative, elle peint à l’huile des paysages d’Auvergne, où elle a vécu un moment, mais malheureusement ces cours s’arrêtent brusquement lorsque le second de Bouguereau, Gabriel Ferrier, lui fait des avances. Herminie s’offusque et quitte l’atelier.

La société patriarcale est encore très réticente à exposer des femmes et Herminie a beaucoup de mal à se faire connaître. Elle se fait l’illustratrice et la défenseuse du projet familial, le fameux Calendrier perpétuel initié par son père, qui consiste à indiquer le jour de la semaine pour n’importe quelle date, quelle que soit l’année, par opposition au calendrier courant qui se limite à l’année en cours.

Le Calendrier de la Paix reçu sur la Terre par différentes gueules de loup est daté de 1930. La France est alors en pleine crise : le chômage explose, l’extrême-droite monte, le fascisme se développe et la démocratie est affaiblie. Herminie Hanin peint ici un hymne à la Paix en s’appuyant sur le projet familial de calendrier perpétuel. L’oiseau qui le présente au peuple est, à l’image de la colombe, le symbole de cette paix si fragile. Il survole des iris qui, dans le langage des fleurs, signifient l’amour tendre. Au sol, les loups aux babines retroussées représentent les détracteurs de la paix et la sauvagerie. En arrière-plan, les hommes accourent les bras tendus vers le ciel et vers l’espoir qu’il fait apparaître.