Fernande Grossin

Bordeaux, 1886 – Biarritz, 1975

De son mariage en 1906 jusqu’en 1923, Fernande Grossin vit à la Réunion, où son époux est lieutenant de gendarmerie.

Elle s’adonne à la peinture tardivement, mais a toujours eu une sensibilité artistique très forte. Avant son mariage, elle exerce comme modiste, ce qui lui permet déjà d’exprimer sa créativité ; pendant les années heureuses de sa vie à la Réunion, elle parcourt l’île de long en large avec son appareil photo. Elle apprend alors sans s’en rendre compte les secrets de la composition, de la lumière et des couleurs.

Son mari décède en 1936 ; ses enfants sont déjà grands. C’est alors que, presque par hasard, pour s’occuper, Fernande Grossin se procure pour la première fois des pinceaux, et s’initie à la peinture. Mais comme l’écrit à son sujet, le critique d’art Anatole Jakovsky, « lorsqu’à cet âge-là, […] on se propose de réinventer la peinture de A à Z, c’est qu’on a quelque chose à dire et qu’on ne peut pas faire autrement. Il ne peut s’agir, par conséquent, ni d’un passe-temps, ni d’un métier, ni d’une carrière, mais plutôt d’une sorte d’heure de la vérité […] afin de savoir enfin si la vie valait ou ne valait vraiment pas la peine d’être vécue » (Carton d’invitation au vernissage de Fernande Grossin à la Galerie Antoinette, 1968).

Jusqu’à un âge très avancé, celle qui est surnommée Mémée Grossin ne cesse plus de peindre, rencontrant un succès qu’elle n’attendait pas. Devenue une femme âgée, elle profite de la paix de sa vie pour pratiquer son art. Sa peinture est une façon pour elle de faire revivre les souvenirs des jours qui l’ont rendu heureuse : elle reproduit les paysages de la Réunion et des pays qu’elle a visité. Elle donne souvent à ses personnages, minutieusement peints, des visages connus et aimés, celui de son époux disparu, ceux de ses enfants et de ses proches.

Mémé Grossin aime également peindre sur le motif, en extérieur, sans croquis préalable. Elle reproduit ainsi directement ses impressions. Elle utilise des couleurs très vives, qu’elle éclaire d’une lumière limpide, pour représenter le pittoresque de la vie quotidienne qui la surprend et émerveille toujours.

Le Cyclone à St Leu, île de la Réunion, en 1922 a été peinte en 1966, probablement d’après un cliché pris en 1922 par l’artiste, qui aurait alors vécue à St Leu l’événement du cyclone. La toile met en scène une nature déchaînée. La force des éléments est rendue par les nombreuses lignes obliques qui structurent la composition. Les troncs des arbres ploient sous le vent, mouvement qui est souligné par la position du personnage central luttant pour traîner sur le sable son embarcation. D’autres parallèles, créées par les éclairs et les ailes des oiseaux, viennent quadriller la toile. Les couleurs sombres du ciel menaçant et des vagues déchaînées tranchent avec celles bien plus vives des vêtements. Si le danger est présent, l’attitude de certains personnages, calmes et comme détendus, peut surprendre. Tout n’est en effet pas si noir, car la tempête amène avec elle une pêche miraculeuse. 

La Danseuse au jardin fleuri. Huile sur toile, 1965
Le Cyclone à St Leu. Gouache sur papier
Château de Chatillon en Bazois (Nièvre). Huile sur toile, nd
Nature-morte cuivre et poires. Huile sur toile, nd
Bouquet de marguerites. Huile sur toile, nd
Nazare Portugal. Huile sur toile, nd
Ramatuelle – Vue de la maison La Douceur. Huile sur toile, 1968
Port de San Sebastien. Huile sur toile, 1965