Paris, 1981
Comédienne ayant abandonné un métier-passion qui la rongeait, Douce Mirabaud se consacre désormais, en autodidacte, à la création plastique. Ayant toujours aimé récupérer et manipuler les matériaux naturels, elle imagine des œuvres hors-les-normes, souvent dérangeantes, parfois agressives, toujours chargées d’un contenu émotionnel exacerbé. L’artiste, qui se veut nomade, travaille avec les rebuts de la nature qu’elle ramasse au fil de ses errances : ronces tissées, bambous assemblés par des fils barbelés, os insérés dans des souches, racines brodées de ses propres cheveux. Entre ses mains – des mains laborieuses qui se frottent, se blessent au contact des matériaux -, ces éléments naturels deviennent sculptures étranges ou installations monumentales et éphémères. Oscillant entre les Arts Singuliers et le Land art, la plasticienne, aimant à travailler en solitaire, se laisse guider par ses « trésors » ramassés afin de donner naissance à une œuvre réceptacle de ses obsessions, interrogations, voire de son mal-être.
Zooanthropique n° 8 est une souche récupérée et détournée par Douce Mirabaud qui suggère un animal étrange, un fétiche africain zoomorphe. Plantée de clous, percée, cousue, elle est parée de petits ballots contenant d’énigmatiques ingrédients, probables charges magiques et protectrices. Os, dentelle, tissus sont maintenus par un fil rouge, couleur de la vie, du destin mais également de la colère, celle que l’artiste contient en elle, qui l’empoisonne et qu’elle expurge par le geste créateur.
La série Organes, dont les sculptures ont été créées de 2014 à 2015, est emblématique du travail de la plasticienne. Organe n°5 est réalisé à partir d’une souche teintée au brou de noix, percée de clous et parée de champignons polypores et d’un voile de tulle. Organe n° 6 qui apparaît comme une sphère aérienne fichée sur un pieu métallique est composé de branches entremêlées enserrant un épis de maïs. Ces deux œuvres sont des exemples d’utilisation de matériaux naturels au service de l’art contemporain. Elles laissent libre cours à l’interprétation mais suggèrent cependant d’étranges anatomies, des intimités secrètes.