Paris, 1911 – Paris, 1998
Colette Beleys naît dans une famille d’imprimeurs parisiens. La passion de l’art lui vient très tôt : elle commence par fréquenter les ateliers de Paul Colin et Charles Léandre, puis entre en 1930 à l’École nationale des Beaux-Arts dans l’atelier de Lucien Simon. C’est durant les examens d’entrée qu’elle rencontre Jean Lane, jeune artiste qui devient son mari en 1935. Ils s’installent tous les deux dans un atelier de la cité Falguière à Montparnasse, puis rue Perrel, dans l’atelier même du Douanier Rousseau. Leur bonheur est de courte durée, puisque Jean Lasne meurt à la guerre, cinq ans plus tard. Elle marque alors une pause dans sa production artistique, puis voyage en France et en Europe, séjours au cours desquels elle rapporte d’innombrables notes, croquis et dessins qui serviront plus tard, dans son atelier, à composer de nouvelles toiles.
Bien que formée aux Beaux-Arts, Colette Beleys est souvent apparentée aux Naïfs, mais se définit elle-même plutôt comme un peintre instinctif. Avec beaucoup d’enthousiasme et d’authenticité, elle peint une œuvre primitive et pleine de poésie, à laquelle elle a consacré toute sa vie. Elle est une fervente admiratrice d’Henri Rousseau dont elle occupe d’ailleurs l’atelier, rue Perrel, dans le XIVe arrondissement. Par la simplicité de son traitement et l’aspect figé du modèle, Malataverne rappelle l’iconographie des portraits du Douanier.
L’œuvre Le Pont sur la Seine date de la première période de création de l’artiste. Il s’agit d’un paysage urbain ayant pour sujet un pont, ce qui n’est pas sans rappeler le tableau Le pont de Grenelle d’Henri Rousseau, également présent dans nos collections. Les éléments sur cette toile paraissent quelque peu figés, impression certainement dûe au fait que l’artiste n’a pas intégré des personnages dans sa composition, ce qui a généralement pour effet de rendre les œuvres plus “vivantes”. La palette est sombre mais traitée dans des tonalités proches, ce qui offre un rendu harmonieux. Colette Beleys s’efforce d’apporter une certaine perspective en travaillant l’épaisseur des arcades du pont, le placement des lampadaires et la végétation en arrière-plan. Néanmoins, certains éléments tels que les habitations situées sur la droite sont dépourvues de cet effet de profondeur.
Le Diable est une œuvre dans laquelle la référence au Douanier Rousseau est évidente. Elle rappelle particulièrement L’Enfant à la poupée, où l’on retrouve la même absence de modelé dans le traitement des membres. Le diable, quant à lui, est une référence au polichinelle que l’on trouve dans Pour fêter Bébé, de Rousseau. Toutefois, là où le Douanier emploie des couleurs très vives dans ses portraits d’enfants, Colette Beleys met en œuvre une harmonie chromatique plus sourde.