?, 1874 – ?
Compagnon de l’industrie métallurgique pendant une quinzaine d’années, Claude Prat entre à l’arsenal de Tarbes dans les années 1910, où il se fixe définitivement.
Noce chez le photographe, est une vision truculente de la prise de photographie d’un mariage. Le peintre ici oppose deux visions de la scène, celle du photographe et celle de l’artiste : le photographe cherche à immortaliser une scène, à amener à la postérité un moment de bonheur qui se veut être parfait. D’un geste du bras, il rassemble les invités autour du jeune couple, désirant réaliser la photographie la plus harmonieuse. La vision du peintre est bien différente, puisqu’il a choisi de représenter l’instant précédant la prise de photographie. Au contraire du photographe, il ne veut pas immortaliser la perfection d’un moment presque sacré, mais plutôt ces petites imperfections qui lui donnent toute son âme : à gauche, un enfant éclate de rire, certainement à cause des grimaces de l’homme qui nous tourne le dos. Deux femmes arrangent la robe et le voile de la mariée. Quelques personnages ne semblent pas en place, une femme se pomponne devant le miroir. Chacun des visages est minutieusement peint, laissant paraître différentes humeurs, entre joie, émotion, parfois ennui.
La jeune femme qui se pomponne devant le miroir n’a pas la même allure que les autres personnages : l’artiste a en effet autorisé son petit-fils, alors âgé de quinze ans, à la peindre lui-même.
Claude Prat est un admirateur de Nicéphore Niepce, l’inventeur de la photographie ; fasciné par les appareils photographiques, il en construit, les améliore et en expérimente sans cesse de nouveaux ; l’appareil qui est représenté dans Noces chez le photographe est d’ailleurs un appareil confectionné par ses soins.
Cette œuvre n’est pas sans rappeler celle de Pascal-Adolphe-Jean Dagnan Bouveret (1879), qui porte le même titre : on y trouve la même double vision de cet instant, les mêmes portraits à l’intérieur du portrait. Bouveret était l’un des chefs de file du mouvement naturaliste : la ressemblance de son œuvre avec celle de Claude Prat illustre parfaitement l’influence des Maîtres des Beaux-Arts sur ces artistes autodidactes.