Boulogne-Billancourt, 1954 –
Dès 1976 et parallèlement à son travail d’animateur en milieu extrascolaire, Bruno Montpied se lance, en autodidacte absolu, dans la peinture et le dessin.
Au fil de ses rencontres, il découvre le surréalisme, l’art brut, l’art naïf et les arts populaires. Il se sent attiré par ces formes d’expression artistique sans hiérarchie, sans technique imposée, qui accordent une liberté absolue de création. Bien qu’il ne se réclame d’aucun de ces mouvements, chacun d’eux le marque, et influence son travail. Il expose ses premières œuvres en 1977.
Bruno Montpied, au-delà de la pratique de son art, est chercheur en art brut et arts spontanés : il s’intéresse de près à tous les mouvements autodidactes, sur lesquels il écrit dans les deux revues qu’il a co-fondé, La Chambre rouge, et L’Art immédiat. Il propose également ses travaux de réflexion et de documentation sur son blog Le Poignard subtil« .
Bruno Montpied aime donner toute la place au hasard dans ses compositions : elles deviennent ainsi le résultat d’un travail représentant ses émotions, ses impressions, les personnages et les mondes que son esprit imagine, de façon instantanée, sans travail et recherche préliminaire. L’imprévu et le hasard font pleinement partie de ses créations. Il travaille essentiellement sur du petit format, à l’encre, au marqueur, au stylo technique et parfois à l’aquarelle. Ses compositions sont des mondes souvent fouillés, complexes : on y trouve des personnages de contes de fées ou d’étranges chimères, évoluant dans des univers alternatifs qui inspirent souvent à la fois crainte et tendresse.
Dans Une nuit en couleur (1998), l’artiste met en scène des créatures sur un fond sombre évoquant la nuit. Une cascade de couleurs jaillit de la partie supérieure de l’œuvre et illumine l’ensemble pour se déverser ensuite sur les personnages. Parmi eux, des créatures zoomorphes et des visages humains se détachent, mêlés dans un fourmillement de détails. Lorsqu’il crée une œuvre, l’artiste a recours au dessin automatique : il laisse sa main tracer au hasard des formes sur le papier, qu’il vient compléter ensuite de façon plus maîtrisée. Une certaine abstraction émane alors de ces compositions, invitant à la rêverie et au mystère. Ici, pas de notion de plan ni de profondeur, mais plutôt un entremêlement de formes apparues du fruit du hasard, pour créer un ensemble très dynamique et riche en couleurs.
Dans Le Malin (2006), l’artiste, comme dans la plupart de ses œuvres, met en scène des créatures sur un fond sombre évoquant la nuit. Oscillant entre surréalisme et abstraction, la composition révèle des visages, des membres humains, des formes animales mais aussi des yeux que l’on identifie rapidement en observant l’œuvre. Est-ce ici que se trouve le Malin, caché derrière de grandes pupilles qui observent, guettent les hommes ?