Baya

Bordj-el-Kiffan (Algérie), 1931 – Blida (Algérie), 1998

Baya, de son vrai nom Fatma Haddad, est orpheline dès son plus jeune âge : elle perd son père à deux ans, puis sa mère à cinq ans. Élevée par la famille de son beau-père puis par sa grand-mère, elle est, à partir de 1942, accueillie par Marguerite Caminat, peintre française qui prend en charge son éducation. La jeune fille évolue alors dans un milieu d’intellectuels et d’artistes. Dans ce contexte, il est naturel pour la jeune fille d’envisager la pratique artistique : alors qu’elle est âgée de treize ans, et profitant d’être seule à la maison, Baya peint sa première gouache. Trouvant dans l’art un moyen d’expression inégalé, elle peint sans cesse et modèle également l’argile. Elle est très vite remarquée par le sculpteur Jean Peyrissac qui montre ses œuvres au galeriste Aimé Maeght. Celui-ci l’expose en 1947 dans sa galerie parisienne alors qu’elle n’est âgée que de seize ans : le succès est immédiat.

À vingt-deux ans, Fatma se marie avec un homme bien plus âgé qu’elle. Elle parle pourtant de son mariage comme de vingt-six années de bonheur, ayant sincèrement aimé son époux avec qui elle a six enfants. Dès son mariage, elle arrête la peinture, pour se consacrer à sa famille et ne la reprend que dix ans plus tard, en 1963, un an après l’indépendance de l’Algérie. 

L’œuvre de Baya est le reflet de son monde intérieur, miroir de son obsession pour la mère absente, partie trop tôt. L’homme n’est présent dans aucune de ses peintures : on n’y trouve que des silhouettes féminines, qui évoluent dans un univers coloré à la végétation luxuriante.

La Femme au panier a été réalisée en 1947, alors que Baya n’a que seize ans : cette œuvre fait donc partie de la première période de création de l’artiste. Il s’agit d’un format paysage habité par une figure féminine qui en occupe toute la largeur : celle-ci dégage une certaine puissance par la forme imposante de son corps et la somptueuse robe dont elle est vêtue. Courbes et contre-courbes viennent appuyer l’extrême féminité de l’ensemble, aucune ligne droite n’apparaît, l’artiste préférant travailler la rondeur, qui lui paraît peut-être moins austère, plus rassurante et confortable. Ces d’arrondis s’entremêlent et une certaine sensualité se dégage de l’ensemble. On retrouve y l’unique thème que Baya aborde dans son Œuvre, celui de la mère, protectrice et bienveillante, qu’elle n’a que très peu connu.