Domfront, 1966 –
Antoine Rigal est un peintre, sculpteur et poète autodidacte. Son enfance, en partie passée en Mayenne, est plutôt heureuse mais il est en échec scolaire, se rebelle et devient punk. C’est son père, anarchiste fonctionnaire des impôts, qui lui fournit ses rudiments de culture artistique ; le dessin fait partie de sa vie, mais c’est à l’âge de vingt-deux ans, alors qu’il est condamné pour coups et blessures à des travaux d’intérêt général, qu’il commence à peindre, le portrait de son juge en l’occurrence. C’est une révélation. La même année, il expose ses premières œuvres dans une galerie, où il reçoit les encouragements de Charles Schaettel, alors conservateur des musées de Laval. Il rencontre également des artistes comme Stani Nitkowski, qui marque profondément le jeune homme, mais aussi Louis Chabaud et Lacoste.
L’Œuvre d’Antoine Rigal se nourrit de ses fantasmes et de ses obsessions, de sa colère et de ses déceptions. C’est une Œuvre dérangeante au caractère brut, qui délivre un message sans concession, sans pudeur. « Ma vie privée appartient à tout le monde« , répète-t-il. L’artiste peint son dégoût tout autant que son besoin irrépressible de la femme, de la drogue, du sexe, de l’alcool ; plus encore, il peint sa quête sans fin d’un amour qui ne cesse de fuir.
Dans Dad is dead, c’est un hommage à son père qu’Antoine Rigal rend, et à sa personnalité dans laquelle l’artiste se reconnaît : à gauche de ce triptyque, il peint des scènes ayant trait au sexe, à la mort, à la violence, à l’alcool et à la drogue. Sur la partie droite, c’est une autre facette du père qui est représentée : la musique, la nature, la peinture, et la femme. Antoine Rigal peint de façon très incisives ses personnages qui semblent presque sortir d’une bande dessinée.
L‘ÉpouvEntable est un assemblage de planches de bois maintenues par des cordes, des clous et fermement ancrés dans un bloc de ciment. Antoine Rigal représente ici une créature aux multiples visages, fixant le spectateur dans des sourires grinçants. Ce personnage hybride, à la fois homme et femme puisque l’artiste représente les deux sexes, renvoie au totem et à la vénération d’un être supérieur. On y retrouve, comme dans plusieurs créations de l’artiste, un œil qui domine, tel un Dieu froid et cruel observant les hommes s’autodétruire.