André Bauchant

Château-Renault, 1897 – Montoire, 1958

Après une formation de jardinier, André Bauchant devient pépiniériste, avant d’être envoyé sur le front d’Orient pendant la première guerre mondiale : il y découvre l’art grec et se passionne pour la mythologie, fascinations qui se lisent constamment dans son œuvre.

C’est au retour de la guerre que Bauchant commence à s’exercer à la peinture, pour rapidement s’y consacrer entièrement. Très vite, celui qui est surnommé « le peintre jardinier » est remarqué par des critiques et des artistes comme Uhde, Ozenfant et Le Corbusier. Ce dernier lui achète sa première toile et accroche dans sa chambre à coucher, au-dessus de son lit, Le couronnement de la Vierge daté de 1924. En 1927, la galeriste Jeanne Bucher organise sa première exposition personnelle tandis que l’année suivante Serge Diaghilev lui commande des décors de l’Apollon Musagète pour les Ballets russes ;  c’est avec sa participation à l’exposition Les Maîtres populaires de la réalité, organisée par Wilhelm Uhde en 1937 à Paris, que Bauchant voit son œuvre obtenir une pleine reconnaissance.

Bauchant est l’auteur d’une production très large, qui touche tous les thèmes et tous les genres, de la nature morte aux paysages, du portrait à la scène de genre. Il a cependant des thèmes de prédilection : passionné d’histoire, croyant, Bauchant travaille beaucoup les thèmes d’inspiration biblique, historique et mythologique, où son talent s’épanouit pleinement. Il maîtrise aussi bien la composition que le jeu des couleurs, passant de tonalités cendrées à des coloris vifs et flamboyants, lui qui pratique pourtant en total autodidacte. Connaisseur de l’art classique, il s’en approprie souvent les codes.

L’Assomption de la Vierge est la représentation traditionnelle de l’un des thèmes de l’iconographie chrétienne : la montée au ciel de la Vierge. La verticalité de la composition correspond au traitement classique de cette scène séparée en deux registres : dans la partie supérieure se trouve la Vierge Marie et les anges, dans la partie inférieure les disciples, certains désespérés par le départ de la mère du Christ, d’autres rendant gloire à Dieu. Si l’artiste a pris quelques libertés concernant les couleurs du ciel et des toges des disciples, la Vierge est parée, comme le veut la tradition, de bleu et de blanc.

Dans L’Apothéose d’Homère, ce sont plutôt les codes de l’art antique que Bauchant reprend : la scène est occupée sur tout le long de la toile, à la façon des bas-reliefs ; les personnages ont le profil grec et sont vêtu des tuniques de l’époque. Dans le ciel, plusieurs épisodes de l’Œuvre d’Homère, L’Odyssée, sont représentés, entre autres celui de la guerre de Troie. Les personnages écoutent avec attention le poète, l’artiste soulignant ainsi l’importance de la transmission orale de ces histoires universelles.

Dans Adam et Eve, Bauchant a représenté le thème récurrent de la Chute de l’Homme : ici, Adam et Eve se sont rendu compte de leur nudité, qu’ils ont couverte à l’aide de feuilles. Ils ont par conséquent déjà mangé le fruit de la Connaissance. Dans les cieux, un ange vient leur annoncer la colère de Dieu ; dans quelques instants, ils seront chassés du Jardin d’Éden. A droite, comme preuve de la fatalité de l’événement, se dressent les portes du Paradis : leur silhouette n’est pas sans rappeler celle des architectures énigmatiques du peintre métaphysique Giorgio de Chirico. Les deux artistes ont d’ailleurs exposé à la galerie Jeanne Bucher à quelques mois de différence, en 1927 et 1928.

Le martyr de St André
L’Apothéose d’Homère
Clovis et St Rémi
Adam et Eve chassés du Paradis
Le naufrage
Le couronnement de la Vierge