Aimée Castain

Banon, 1917 – Banon, 2015

Aimée Castain naît dans une famille de métayers en Haute-Provence. Sa vie entière est consacrée aux travaux des champs et à la garde des moutons : elle commence à travailler dès l’âge de 7 ans et poursuit ensuite avec l’aide de son mari. En 1958, elle décide de peindre ce pays qu’elle n’a jamais quitté. Fidèle à la réalité, elle décrit les paysages et les scènes pastorales qui font partie depuis toujours de son univers quotidien, avec une sûreté de ton et d’écriture qui font de chacune de ses œuvres un témoin unique de sa région.

Si l’artiste est très attachée à sa campagne, il ne faut cependant pas lui en parler comme d’un lieu paisible de vacances : elle y a mené une existence rude, sans confort, sans loisir ni liberté. Elle sait la somme de labeur qu’exigent les champs et les bêtes. Si elle met dans ses toiles « un petit air de joie », c’est à cause du « grand bonheur » qu’elle éprouve en maniant ses pinceaux. L’artiste a regardé avec tellement d’amour sa terre, ses bois, ses collines et ses lavandes et a tellement peiné et travaillé au milieu de tout cela que, tout naturellement, sa main peint sur la toile ce que sa vision a conservé : l’essentiel, les lignes sobres et les couleurs uniques de ce coin de Provence baigné de soleil.  

Poussée par une insatiable curiosité, Aimée Castain ne perd jamais son temps et fait en sorte qu’il n’y ait pas de jour creux dans sa vie. Tout en surveillant son troupeau, elle herborise et cherche des pierres préhistoriques, et s’est ainsi constitué un magnifique herbier et une remarquable collection de silex. Passionnée par l’archéologie, elle se documente dans des ouvrages et répertorie minutieusement ses trouvailles. L’artiste, en parallèle de son activité de peintre et de collectionneuse, a également publié un recueil d’anecdotes et de souvenirs. 

Dans Le Revest des Brousses en automne, l’artiste nous livre l’image d’un village avec une gamme de couleurs dans les tons orangés évoquant l’automne. Vision frontale, perspectives souples et lignes dociles sont caractéristiques de sa manière.Tout le dynamisme de cette composition tient aux nombreux personnages représentés dans des couleurs vives, ayant pour effet d’attirer le regard de celui qui les observe. Ces personnages s’adonnent à leurs occupations, certains marchent, d’autres jardinent ou se rendent à l’église. L’artiste parvient par ce tableau à nous faire ressentir l’effervescence de ce village, tout en nous plongeant dans l’ambiance automnale par son utilisation des couleurs. « Je peins les choses pour qu’on les reconnaisse. C’est tellement beau, mon pays, que je ne vois pas pourquoi je le déformerai » confie-t-elle. «On est naïf parce qu’on ne sait que dire la vérité. La vérité avec un peu de rêve…. La réalité est quand même un peu triste ».

La communion