Perrecy-les-Forges, 1873 – Paris, 1960
Dominique Lagru est né en Saône-et-Loire. Il perdit ses parents très jeune, ce qui l’obligea à travailler alors qu’il n’était encore qu’un enfant : à douze ans, il était berger, puis enchaîna les métiers jusqu’à l’âge adulte, de mineur de fond à staffeur.
Les années 1900 furent difficiles. Dominique Lagru perdit sa femme et ses trois filles les unes après les autres, et vécut une longue période de chômage. C’est durant ces épreuves qu’il commença à pratiquer l’art, se risquant tout d’abord à l’écriture. L’expérience de la pauvreté, voire de la misère, l’amena à une révolte quasi-permanente ; il s’engagea dans des luttes syndicales et politiques, luttant constamment contre les injustices sociales. La peinture apparut dans sa vie tardivement, alors qu’il était âgé de soixante-quinze ans ; il est l’auteur d’une œuvre abondante, qui fut exposée à de nombreuses reprises dès 1951.
Lagru était un homme passionné d’histoire et de philosophie. Fasciné par la question de l’origine de l’homme, il veut dans sa peinture représenter le résultat de ses méditations. Il peint toujours à plat, et seul, cultivant un isolement extrême, n’allant jamais à aucune exposition de peur que son travail soit influencé par l’œuvre d’un autre artiste. Il livre des oeuvres très raffinées, dont le trait sûr, le dessin délicat et les couleurs précieuses évoquent une écriture japonisante.
Dans Avant l’homme, les couleurs perturbent le regard, intégrant les animaux dans les détails de la nature. Les créatures, sujets principaux de l’œuvre, à la fois cachées et omniprésentes, sont les figures des mystères indomptables de la nature.