Itagiba (Brésil), 1944 –
À quinze ans, Waldomiro de Deus quitte la maison familiale pour aller travailler à São Paulo. C’est là que, presque par hasard, il s’initie à la peinture : employé comme jardinier dans une maison particulière, il trouve des pinceaux et des couleurs dans les sous-sols de la propriété. Passant ses nuits à peindre ses premières compositions et ses journées à dormir, il est renvoyé, mais dès lors ne cesse plus de peindre. Il vend tout d’abord ses œuvres sur les marchés puis, reconnu et encouragé par plusieurs marchands d’art, participe à de nombreuses expositions. En 1967, il est présenté à la biennale de São Paulo et, en 1969, rencontre à Paris le critique d’art Anatole Jakovsky qui l’introduit à la galerie Antoinette, spécialisée en Art naïf. Une carrière internationale s’ouvre alors à lui.
Waldormiro de Deus aime peindre des sujets mystiques et religieux, dans lesquels il incorpore souvent une forte dose d’humour et de provocation. Il travaille dans un style très linéaire, cernant les zones de couleurs avec un trait épais de couleur sombre. Dans Le Jugement dernier, deux groupes se font face, séparés par un fossé infranchissable : à gauche, les âmes damnées, en pleurs, supplient le groupe de droite, les âmes sauvées du paradis. Au-delà d’une simple représentation du ciel et de l’enfer, on peut lire la critique incisive de l’artiste contre l’Église : les personnages à droite ont le crâne en forme de pointe, rappelant les mitres des évêques. C’est en fait l’institution ecclésiale qui est ici mise en porte-à-faux : les êtres de droite, figures des autorités catholiques, toisent sans pitié le peuple de gauche, bien certains de ne pas partager leur paradis avec eux. L’ange aux ailes blanches lui-même, assis sur l’arbre de vie, jette un regard dur sur les âmes damnées.