Laval, 1912 – Laval, 2001
Philippe Le Gouaille est un artiste lavallois, qui a beaucoup marqué la Mayenne par ses œuvres pleines d’une grâce et d’une émotion bien particulières.
Employé de banque, et lieutenant pendant la guerre, il est emprisonné en 1940 et interné dans des camps de Nuremberg jusqu’en 1945. Bien qu’ayant toujours eu le goût du dessin, c’est seulement pendant cette période d’internement qu’il commence réellement à pratiquer l’art, en décorant des lieux de vie dans les camps, notamment la chapelle. Après la guerre, il devient instituteur, et s’exerce à la peinture à l’huile. Mais, dit-il, ce n’est que dans les années 1960-70 qu’il trouve enfin son style, si personnel.
Pour Philippe Le Gouaille, la vraie beauté ne vient pas de l’objet en tant que tel, mais réside dans l’émotion qu’il suscite. Son Œuvre est peuplée d’enfants au regard pur et limpide, de paysages baignés d’une lumière irréelle. Tout, de la lumière aux couleurs, appelle au rêve. Avec une extraordinaire minutie et un sens aigu du détail, loin de désirer recopier la réalité, il veut réinventer l’ordinaire et y faire naître l’émerveillement.
L’œuvre La Vierge et l’Enfant reprend les codes de la peinture chrétienne classique, notamment avec la Vierge au centre, l’Enfant sur les genoux, et leurs vêtements bleus et roses : le bleu, pigment le plus précieux, était attribué dans les représentations aux figures symboliques ; le rose renvoie quant à lui à l’amour, la beauté. Comme souvent dans les créations de Philippe Le Gouaille, les traits sont doux, presque enfantins, et les regards profonds. L’Enfant Jésus tend ses bras pour accueillir son prochain, et la Vierge Marie triomphe sur le serpent, symbole du mal, qui s’étire sous ses pieds. À leurs côtés, l’artiste représente Sainte Thérèse et Saint Nicolas en plus petit. Ceci a pour effet de donner davantage d’importance à la Vierge et son enfant qui dominent alors la composition. Le végétal est très présent, principalement dans les teintes vertes au premier plan, puis tend vers des couleurs plus chaudes au second plan et à l’arrière-plan. On observe derrière les personnages une église, puis un paysage boisé qui s’étend à l’horizon vers un plan d’eau et des montagnes. Le regard voyage alors dans cette composition où la profondeur est travaillée et les symboles sont riches.
Dans Le Manège, plusieurs enfants tournent sur leurs chevaux de bois, le regard lointain et le sourire aux lèvres. Philippe Le Gouaille nous fait plonger dans un rêve d’enfants : les chevaux de bois n’ont pas l’air de jouets inanimés mais semblent bien vivants ; le seul être croisant le regard du spectateur est d’ailleurs l’un d’entre eux. La scène est plongée dans une lumière jouant entre les rouges, les verts et les bleus, renforçant l’irréalité de l’ensemble ; la façon-même dont sont peintes certaines zones du tableau, à la façon de gribouillages infantiles, rappelle le monde de l’enfance.