Les collections particulièrement hétérogènes des musées de Laval composent un miroir du monde reflétant son extraordinaire diversité. Les amateurs d’art, scientifiques éminents, érudits locaux, collectionneurs passionnés et voyageurs ethnographes ont généreusement oeuvré pour les musées en les enrichissant par leurs dons et legs. Fruit de leurs passions et de leur curiosité sans limite ni frontière, les fonds des musées lavallois illustrent un savoir encyclopédique quasi-universel. Les collections scientifiques, techniques, artistiques et ethnographiques rassemblées à partir des années 1840 ont connu une histoire quelque peu mouvementée faite de déménagements successifs. L’Hôtel de Ville, la bibliothèque Saint Tugal, le Vieux-Château, le musée de la place de Hercé les ont accueillies à tour de rôle avant qu’elles ne soient finalement retirées des vitrines, socles et panneaux de présentation pour être entièrement conservées en réserve.
La présente exposition se propose de mettre en valeur la variété et l’intérêt de ces collections à travers la constitution d’un Cabinet de Curiosités imaginaire inspiré des Chambres des Merveilles du 16e siècle. Cette proposition ne se veut pas exhaustive et exclut volontairement des pans entiers des collections. Une sélection parmi les dizaines de milliers d’œuvres s’est imposée et les choix se sont portés sur les objets permettant de proposer un voyage intemporel à travers les cinq continents. Tout comme celles des collectionneurs du 19e siècle, la collecte dans les réserves est partiale. Elle suit cependant le même fil conducteur qui privilégie l’originalité, la rareté, l’étrangeté, la qualité ou tout simplement, la beauté de l’objet sélectionné. C’est là le regard d’amateurs du 21e siècle sur les modes du collectionnisme du 19e siècle nourri de voyages, de pittoresque et de progrès scientifiques. Se retrouvent alors les grands thèmes en vogue : l’égyptomanie qui depuis les campagnes d’Egypte de Napoléon fait toujours fureur dans les salons, le primitivisme lié au développement du colonialisme à partir des années 1830, le japonisme dû à l’ouverture du Japon en 1853, le romantisme dont l’un de ses composants, le spleen, s’exprime dans la réapparition des Vanités et autres Mémento Mori, les arts et usages populaires recensés par les sociétés savantes désireuses de sauvegarder le passé national, l’anthropologie organisée à compter des années 1830 et se passionnant pour les populations extra-européennes, l’histoire naturelle qui connaît son âge d’or à travers les multiples muséums ouverts au public.
Le parcours fait fi du classement par discipline tel que défini au 18e siècle. Le couloir au plafond duquel sont appendus les crocodiles comme le veut la tradition des Cabinets de Curiosités, mène à un espace unique où se mêlent Artificialia (objets créés par l’homme), Naturalia (objets naturels), Exotica (objets exotiques) et Scientifica (instruments scientifiques). Les frontières entre les genres se délitent favorisant les passerelles entre la nature et les arts, entre les créations européennes et les arts extra-européens, entre les objets décoratifs et les arts plastiques.