Netsuké

Etymologiquement, le « netsuké » (le u ne se prononce pas) est une « racine attachée ». Il n’était probablement à l’origine qu’un morceau de bois servant à retenir à la ceinture des Japonais dont le vêtement traditionnel était dépourvu de poches, leurs « sagemono », c’est-à-dire leurs accessoires portatifs : pipe, boîte à médecine, écritoire, bourse, etc. Peu à peu, il est devenu une véritable sculpture miniature servant à montrer dans un premier temps le statut social des marchands puis celui de toutes les couches de la société. Les matériaux sont divers : d’abord du bois puis de l’ivoire, du jade, de la nacre, du corail, etc. C’est le cas également des sujets avec néanmoins une prédilection pour les représentations animalières. Un netsuké se choisit avant tout pour ses qualités esthétiques. C’est un objet sensuel qui se touche, se polit, ses formes rondes sont explicitement féminines mais sont d’abord faites pour ne pas blesser la soie des vêtements. Il reflète le goût de son propriétaire qui y retrouve la joie de la collection enfantine qui avant tout fait rêver et sourire car ils peuvent raconter un mythe, un conte, une histoire ou une blague.

Ce netsuké en porcelaine glaçurée de 5 cm de long représente un coquillage lisse et blanc ouvert à l’intérieur duquel un paysage de grotte a été sculpté : deux escaliers mènent à une terrasse parementée sur laquelle repose un petit édifice aux portes bleues fermées, sans doute un sanctuaire car il est gardé par deux « Komainu » mi-chiens, mi-lions bleus et blancs. Les coquillages ont été souvent représentés. Ils font partie des ouvrages naturels qui ont été ramassés les premiers avec le bois puis percés pour y faire passer les cordonnets ensuite reliés à la ceinture. Sa forme ronde et polie est particulièrement bien adaptée à son usage. Enfin, la compréhension d’un tel objet ne serait pas complète sans évoquer sa signification érotique. En effet, le coquillage et la grotte sont une évocation du sexe féminin et de son mystère. Le motif du sanctuaire le sacralise.

La miniaturisation (l’objet se contemple parfois à la loupe) permet donc de réserver des surprises à celui qui regarde. La réalisation de ces objets nécessite un savoir-faire patient et un prodigieux sens de l’observation. Le 18e siècle a produit d’admirables modèles et le 19e a poussé au plus loin le raffinement de cette production. De la fin du 19e siècle à aujourd’hui, avec la généralisation du vêtement occidental, la production se poursuit en tant qu’objets d’arts, ce sont les « okimono » par opposition aux netsuké utilitaires « himotoshi » Environ 3000 signatures d’artisans ont été identifiées.

Introduits en Europe au 19e siècle, une vogue considérable se développe jusqu’à l’entre-deux-guerres. A titre d’exemple, Carl Fabergé en était collectionneur et nul doute que sa collection inspira la production de ses célèbres œufs. Ces sculptures sont si recherchées encore aujourd’hui qu’un important marché de faux s’est mis en place.