Artiste d’exception, ennemi de l’académisme, Emile Bernard (1868 – 1941) est à la recherche permanente d’une esthétique nouvelle. Le portrait est un thème récurrent dans son œuvre abondante. Tout au long de sa carrière artistique, il peint une importante galerie de portraits où se retrouvent des membres de sa famille, des artistes et amis intellectuels. Ils sont représentés dans des compositions très étudiées où le décor, à l’instar des œuvres de la Renaissance, participe à la dimension psychologique. Le peintre se dit fasciné par le visage humain et devient même son modèle de prédilection. Il compose ainsi, au fil des années, plus d’une quarantaine d’autoportraits, témoins de ses transformations physiques mais également de ses recherches et évolutions picturales.
Cet autoportrait montre le peintre à l’âge de 34 ans. Le visage qui se détache sur un fond rouge, est présenté de 3/4, encadré de cheveux mi-longs d’où s’échappent des mèches rebelles. La palette sombre est sommaire, toute en bruns et rouges, et c’est à coup de pinceaux, brefs et nerveux, que l’artiste modèle son visage.