4e quart du Ve siècle-1ère moitié du VIe siècle ap. J.-C.
Terre cuite
9,7 x 6 x 1,5 cm
Cette ampoule appartient à un type de récipients bon marché en terre cuite non émaillée destinés à transporter une matière sanctifiée que les pèlerins du sanctuaire de Saint-Ménas en Egypte pouvaient rapporter chez eux. Ces petites fioles pouvaient contenir de l’huile issue de la combustion des bougies du sanctuaire, de l’eau bénite mais aussi du sable ou de la terre. Elles sont appelées ampoules à eulogie du nom de la formule de bénédiction prononcée à la fin d’une prière (eulogos en grec veut dire parler en bien de quelque chose ou de quelqu’un et a donné en français le mot éloge). Ce petit objet nous renseigne sur les premiers pèlerinages chrétiens. En effet, Saint Grégoire de Tours raconte que plusieurs guérisons ont eu lieu grâce à la récupération de l’huile de saints martyrs. Apparu au IVe siècle, cet objet de dévotion populaire se substitue aux reliques miraculeuses et perdure jusqu’au XIIe siècle.
Saint Ménas était le saint patron de l’Egypte chrétienne (copte). C’était un militaire qui fut martyrisé au IIIe siècle par l’empereur Dioclétien en Phrygie. Son corps a été ramené en Égypte à dos de chameaux. Les pèlerins qui l’accompagnaient décidèrent de l’ensevelir là où une source jaillissait. À cet endroit, une basilique fut édifiée. Elle devint le lieu de pèlerinage le plus populaire en Égypte, à Abou Mina, situé au sud-ouest d’Alexandrie.
Cette ampoule a été trouvée à Vienne en Isère en 1873. Sa panse, à la fois ronde et plate, est encadrée de deux anses et fait clairement penser à la forme des gourdes antiques. Elle porte de chaque côté le même décor moulé où Saint Ménas est représenté debout en orant. Deux croix grecques se trouvent au-dessus de ses épaules. Deux chameaux reposent à ses pieds.