C’est le goût immodéré des puissants d’Europe pour la porcelaine de Chine qui provoque la recherche des matières premières et des savoir-faire adéquats pour sa fabrication sur le territoire européen. La Saxe du prince-électeur Frédéric-Auguste Ier, plus connu sous son nom de roi de Pologne Auguste II le Fort, voit la première, au début du 18e siècle, l’invention d’une porcelaine dure car résistante comme la pierre mais cependant modelable. Elle marque un point d’étape décisif vers la création d’une véritable porcelaine blanche capable de rivaliser avec la porcelaine chinoise. Par un édit du 23 janvier 1710, Auguste le Fort annonce la découverte de la porcelaine blanche ainsi que la création d’une manufacture à Dresde qui s’installa finalement à Meissen.
Au début, les formes extrême-orientales sont imitées notamment les tasses et soucoupes pour consommer les boissons exotiques : thé, café et chocolat. Cependant, des formes européennes voient peu à peu le jour inspirées du travail des joailliers et des orfèvres. La palette des couleurs qui pouvaient être cuites est initialement très restreinte. L’arrivée le 12 avril 1720 du chimiste et peintre sur porcelaine Johann Gregorius Höroldt permet de l’étendre. La combinaison de ces couleurs dans des décorations fastueuses fait la gloire de la porcelaine de Meissen. Les décors de chinoiseries vont céder la place à des décors repris de gravures européennes. Après 1738, apparaissent les décorations florales naturalistes dans le goût de l’époque. Cette soucoupe en porcelaine de Saxe polychrome sur fond blanc témoigne de ce goût européen. La maîtrise du peintre et la sobriété de la composition font de cette soucoupe un objet élégant et raffiné.
Afin de créer un palais dit « japonais », Auguste le Fort lance de grandes commandes qui vont soutenir le développement de la manufacture. Des milliers de tasses et soucoupes essaiment ainsi dans toute l’Europe. Au cours du 18e siècle, d’autres manufactures vont naître en Europe, comme celle de Sèvres en 1756 en France, qui vont se faire une concurrence acharnée.
