Historique du bâtiment
Les collections d’Histoire naturelle et de sciences techniques de la ville de Laval sont conservées dans le bâtiment communément appelé « Musée des Sciences », depuis 1974. Construit initialement pour exposer des collections de tableaux et de sculptures, ce monument fut successivement un Musée des Beaux-Arts (1899-1964), les bureaux des services sociaux du département (1965-1972), puis un Musée des Sciences (1974-1996). Actuellement, il abrite toujours les collections scientifiques de la ville de Laval sous ce dernier nom, ainsi qu’un Centre de Culture scientifique technique et industrielle (le ZOOM).
Historique des collections
1801-1833 – Naissance des collections – École centrale
Lorsque les écoles centrales furent créées, en 1796, celle de Laval comportait une bibliothèque, un jardin botanique, un cabinet d’Histoire naturelle, ainsi qu’un cabinet de chimie et de physique expérimentale.
À cette école centrale, supprimée le 17 septembre 1804, succéda une école secondaire communale, comprenant toujours la bibliothèque, le cabinet de physique, celui d’Histoire naturelle et le jardin botanique. Le bâtiment fut concédé à la ville à cette occasion.
En 1806, le département fit l’acquisition des collections personnelles des époux Jarry, constituées de pierres, mines, minéraux, cristaux, pétrifications, coquillages, bois et végétaux cristallisés. Il semblerait que M. Jarry ait été le premier conservateur de ce cabinet d’Histoire naturelle.
La bibliothèque et le muséum dépendaient, officieusement jusqu’en 1822, du département de la Mayenne, avant de passer sous la tutelle de la ville de Laval, en 1825.
1833-1840 – Hôtel de ville
En 1833, la bibliothèque et son cabinet d’Histoire naturelle furent transférés à l’hôtel de ville, tout juste achevé. Hippolyte Le Tissier, amateur de botanique, en devint le conservateur.
Tout au long de la période 1830-1850, d’autres collections vinrent enrichir le fonds du musée d’Histoire naturelle, notamment une intéressante collection de roches du département, constituée par Édouard Blavier en 1837, ainsi que celle d’animaux naturalisés, appartenant aux messieurs Vauguyon et Delage (annexe 3).
Rapidement, le local affecté à la bibliothèque s’avéra insuffisant. C’est pourquoi, en novembre 1840, la bibliothèque et le muséum d’Histoire naturelle furent à nouveau déplacés dans une ancienne école primaire, située place Saint-Tugal.
1840-1912 – Bibliothèque municipale
À cette occasion, deux musées furent constitués : un musée d’Histoire naturelle et un musée d’archéologie, tous deux placés au rez-de-chaussée du bâtiment. La bibliothèque municipale, quant-à-elle, occupait le premier étage.
Toutefois, le Musée d’archéologie ne remplissant pas les conditions optimales de conservation, plusieurs donateurs potentiels préférèrent ne pas léguer leurs collections, parfois importantes, à cette structure.
En 1856, Sosthène Duclaux légua son herbier personnel à la ville de Laval, ainsi que les deux exsiccatas des herbiers de Jean-Baptiste Mougeot – C. Nestler et de F.G. Kneiff – W. Maercker. Daniel Œhlert, nommé bibliothécaire adjoint en 1871, échangea l’herbier Duclaux en 1880, contre des échantillons de roches et de fossiles de l’Ouest de la France, ainsi qu’une collection de plantes fossiles jurassiques et tertiaires ; avec un professeur de botanique de la faculté de Rennes. En 1883, il fut promu bibliothécaire en chef et conservateur du Musée d’archéologie et du Muséum d’Histoire naturelle, après le décès d’H. Le Tissier. Dix ans après cette nomination, Daniel Œhlert se retira de la direction de la bibliothèque municipale pour ne plus se consacrer qu’aux deux musées, ainsi qu’à ses recherches paléontologiques et géologiques.
Daniel Œhlert était entouré de nombreux passionnés en géologie, dont Jacques Triger, qui constitua une importante collection de fossiles du Mésozoïque, et que son fils donna au muséum, en 1881. L’année suivante, l’abbé Maillard, curé de Thorigné-en-Charnie, donna au muséum une partie de sa collection de silex taillés et d’ossements quaternaires, trouvés dans les grottes de Saulges. Le reste de sa collection, ainsi que ses vitrines et leur contenu, furent légués au muséum en 1898, un an après son décès.
L’Abbé Angot dans son Dictionnaire de la Mayenne, fit le constat des richesses du musée d’Histoire naturelle en cette aube du XXe siècle. Il répertoria ainsi 800 échantillons de géologie, 1 200 de minéralogie, 500 de roches, la collection de fossiles de Jacques Triger, 3 000 coquilles vivantes, des herbiers et une collection d’animaux du département.
En 1906, la société savante « Mayenne-Sciences » vit le jour en Mayenne. Elle se donna pour mission de développer les connaissances sur les sciences dans le département. Daniel Œhlert profita de ce vivier de naturalistes pour enrichir les collections du muséum.
Le bâtiment s’avéra être saturé de collections. C’est pourquoi en 1910, dès que l’administration pénitentiaire libéra les locaux du Vieux-Château, alors affectée en prison, Daniel Œhlert saisit cette occasion pour transformer le château en musée.
1912-1973 – Vieux-Château
Lorsque la nouvelle prison de Laval fut construite, en 1908, l’administration pénitentiaire quitta les locaux du Vieux-Château. La municipalité décida alors de restaurer le château et de le transformer en Musée d’archéologie et d’Histoire naturelle. Daniel Œhlert fut fort logiquement nommé conservateur de ces deux musées. Il employa son temps et sa fortune à préparer l’aménagement de ces deux musées.
Les collections continuèrent à s’enrichir, surtout en paléontologie, grâce aux collectes incessantes de Daniel et Pauline Œhlert et par le don d’une importante collection de paléontologie du naturaliste et archéologue Georges Pineau de Viennay (comte de Viennay).
Daniel Œhlert décéda en 1920 et légua toute sa collection au muséum. L’activité et l’enrichissement du musée fut alors essentiellement dus aux membres de Mayenne-Sciences qui, pour certains, firent le don ou le dépôt de leurs propres collections, notamment dans des domaines peu représentés, tels que la botanique et l’entomologie. Ainsi, un grand nombre d’herbiers vinrent compléter les collections du musée. Les plus intéressants furent ceux d’Adrien Allardin (1940) et René Courcelle/Charles Chédeau (1956). Ce dernier devint même l’herbier de référence pour le département.
Quasiment inexistante jusqu’ici, l’entomologie s’étoffa avec la collection de papillons de Rosamel, en 1950.
Le fonds paléontologique continua à se développer par le don de la collection Tanquerel des Planches en 1946
La section zoologie s’enrichit de mammifères et d’oiseaux naturalisés de la collection Griveau (1934) et d’une série d’œufs, léguée par Louis Dreux à Mayenne-Sciences en 1970.
Le manque de place se fit une nouvelle fois sentir. La valorisation de ce patrimoine auprès du grand public était presque inexistante et il était impossible de consulter les collections, hors cas particuliers de quelques chercheurs. Lorsqu’en 1973, la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS) quitta les locaux de l’ancien Musée des Beaux-arts, pour se rendre dans la cité administrative nouvellement construite, ce bâtiment fut réaffecté, sur la proposition de Louis Vallée, en Musée des Sciences.
1973 à aujourd’hui – Musée des Sciences
L’ensemble des collections d’Histoire naturelle fut transféré au Musée des Sciences. En revanche, la collection d’archéologie resta, en réserve, au Vieux-Château.
Le 1er juillet 1974, soit un mois après le déménagement, deux salles présentaient déjà les principales espèces d’oiseaux habitant les eaux, bosquets et forêts mayennaises.
L’inauguration officielle du musée eut lieu le jeudi 5 février 1976.
Sous la direction de Louis Vallée, le Musée des Sciences développa fortement sa section sciences techniques. Il collectionna toutes sortes de matériel et de machines, dont des instruments pédagogiques d’optique, d’électricité et de chimie, provenant d’établissements d’enseignement ; des appareils photographiques anciens, des machines électrostatiques, des instruments de météo… Une très jolie collection de vélocipèdes anciens (allant de la Draisienne aux vélos du début du XXe siècle), achetée à M. Clayer en 1983, vint s’ajouter à ces dernières. Durant cette période, les collections d’insectes confectionnées par Auguste Greslé (1981) et Yolande Piau (1993) complétèrent le fonds entomologique du muséum.
À partir de 1983, Louis Vallée fut secondé par Jane Guyon, également ancienne professeure de sciences naturelles. Elle prit la direction du musée en juin 1986, après le départ en retraite de celui-ci. Elle resta l’âme du musée jusqu’en janvier 1994, date de sa démission. À cette période, l’activité du musée était en forte baisse et ne reposait plus que sur ses épaules, Mayenne-Sciences, fortement liée au muséum, ayant été dissoute.
Lorsque la municipalité décida, en décembre 1996, d’affecter le premier étage du Musée des Sciences au CCSTI, Les expositions permanentes des collections scientifiques de la ville furent alors supprimées, pour être remplacées par des expositions temporaires réalisées par le CCSTI. Toutes les collections du Musée des Sciences descendirent alors au rez-de-jardin du bâtiment, et devinrent ainsi à nouveau inaccessibles au public. Malgré cela, les collections continuèrent à s’enrichir, notamment grâce aux dons d’herbiers de l’abbé Amand Godard (1998) et d’Émile Travers (2001).
L’une des dernières acquisitions majeures du Musée des Sciences fut une collection de roches et d’ossements préhistoriques provenant de la grotte de Rey (située à Saint-George-sur-Erve). Elle a été léguée par le comte François d’Aboville en 2001.
Suite à la loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, les collections du Musée des Sciences ont été labellisées « Musées de France » à compter du 1er février 2003.
Par ailleurs, la ville de Mayenne (en 2014) et le musée de Vitré (en 2015) transférèrent leurs collections d’Histoire naturelle au Musée des Sciences.
Pour en savoir plus :
Tréguier J., 2013 – Les collections du Musée des Sciences de Laval, Approche historique – Inventaire. Sciences etc, vol. 1, p. 9-37.
Tréguier J., 2014 – Le Musée des Sciences, histoire du bâtiment et de son occupation. Sciences etc, vol. 2, p. 7-36.